Entretenir des « danseuses » sur fonds publics, est-ce légal ? Et est-ce équitable ? Que feront les conseillers municipaux au prochain conseil municipal ?
Le maire a aussi ses danseuses. Et elles coûtent cher ! Non, pas à lui, mais à ses administrés.
A Grasse, les sportifs sont plutôt bien aidés …
Vous êtes Grassois. Que vous ayez sept ou soixante-dix-sept ans, vous pratiquez gentiment un ou plusieurs sports au sein de clubs grassois. Vous payez votre cotisation au club et vous bénéficiez d'une salle ou d'un stade municipaux entretenus pas la mairie, sur vos impôts. Selon les disciplines, vous bénéficiez d'un encadrement d'animateurs diplômés, souvent payés par les clubs avec les subventions publiques (commune, CAPG, département, région). Pour vos déplacements ou ceux de vos enfants dans le cadre des manifestations sportives, vous en êtes souvent de votre poche.
Bref, d'un côté la ville vous aide à faire du sport, et de votre côté vous participez aussi financièrement directement à sa pratique.
Sur le mode de fonctionnement, aide de la ville et engagement personnel, le schéma de principe est généralement accepté …. s'il semble équitable, car la ville aide beaucoup de clubs sportifs.
… mais il y a des clubs beaucoup plus nantis que les autres.
A Grasse, le maire entretient l'opacité la plus totale sur l'utilisation que les clubs font des subventions municipales qu'ils perçoivent. Malgré des demandes répétées, soit par des élus – à commencer par une demande d'audit des associations, faite par l'opposition dès 2014, en début de mandat, à laquelle le maire n'a pas répondu- soit par des contribuables grassois, l'omerta règne. Sans en avoir encore le détail, on sait que les sportifs grassois ne sont pas tous logés à la même enseigne. Et certaines distorsions finissent par devenir criantes et insupportables. Pour quelles raisons ? Tout simplement parce que des clubs amateurs rémunèrent leurs joueurs séniors. Comme les professionnels attitrés et jouant dans des clubs professionnels, ces joueurs perçoivent de l'argent pour jouer. Ces demi-pros sont souvent des « estrangers » qu'on a fait venir à Grasse pour muscler l'effectif sénior, et à qui on procure souvent un travail complémentaire en mairie de Grasse ou à la CAPG.
C'est là que le bât blesse. Non seulement ces clubs amateurs -et non professionnels, selon le code du sport- utilisent l'argent public pour que quelques privilégiés s'adonnent à leur sport, mais en plus, puisque les sommes d'argent allouées au sport sont limitées, les autres clubs sportifs ne bénéficient pas des aides auxquelles ils pourraient prétendre. Ces derniers courent après les salles, les stades, l'encadrement, et ne peuvent pas développer leur sport comme les pratiquants – les vrais amateurs- et leurs entraîneurs pourraient l'espérer : moins de relations avec les clubs extérieurs, moins de stages, moins de compétitions, plus de problèmes de locaux, de transports ….
Les Grassois ont la chance de pouvoir pratiquer beaucoup de sports différents. On pourrait encore plus et mieux développer le sport à Grasse si la distorsion mentionnée ci-dessus, qui perdure depuis des années, venait à cesser. Les clubs hyper-nantis arrêteraient d'en vouloir toujours plus et le maire arrêterait d'entretenir « ses danseuses » avec l'argent public.
Avec ce favoritisme, l'équité n'est pas respectée. Mais la loi, elle, est-elle respectée ?
Les clubs n'étant pas « professionnels », au sens du code du sport, et leurs comptes n'étant pas clairs mais faisant quand même état de dépenses (salaires ou primes) à l'intention des joueurs, on est en droit de se demander s'il n'y a pas dévoiement de l'argent public dans l'utilisation des subventions. Et quelle que soit la réponse à cette question, est-il acceptable que deux clubs ratissent plus de la moitié des subventions allouées aux quelque quarante cinq associations sportives subventionnées ?
Tous les autres clubs sont réduits à la portion congrue, puisqu'ils ne bénéficient que des miettes de la manne municipale. Je plaide pour favoriser l'accès des Grassois aux activités sportives diverses et augmenter le nombre des pratiquants. Cela passe par les infrastructures et leur facilité d'accès, les transports publics, la qualité de l'encadrement, la pertinence des suventions attribuées et une évaluation permanente des retombées sur la société.
Pour ceux qui douteraient du bien-fondé de ma position, voici quelques informations qui devraient les faire réfléchir et qui montrent que, depuis des décennies, les maires successifs se passent les mêmes danseuses, au détriment des autres clubs. Les chiffres ne sont que des ordres de grandeur, par manque de précisions, et recoupent une moyenne annuelle.
Rugby Olympique de Grasse Racing Club de Grasse
Infrastructures municipales Stade Perdigon et « club house » Stade de la Paoute
Stade de Châteauneuf de Grasse Stade Jean Girard
Investissements récents Couverture tribune Perdigon Changement pelouse
synthétique La Paoute
Coût global TTC 810.000 € 720.000 €
Nombre moyen de joueurs 500 560
Subventions de la ville 250.000 € 233.000 €
Autres subventions (CAPG, état, 145.000 € 30.000 €
région,département)
Suspicion de professionnalisme dans des clubs censés être « amateurs ».
Rugby Olympique de Grasse :
- rapport d'AG de juin 2017: information faite au maire de Grasse de l'obligation du club de baisser la masse salariale à 200.000 € pour 2017/2018 . Donc, en 2016/2017 la masse salariale dépassait les 200.000 €.
- « compte de résultat prévisionnel saison 2016/2017 »
compte 641100 salaire brut des joueurs:176.741 €. Surprise : incohérence de chiffres avec l'information de l'A.G. de juin 2017. Ce compte aurait dû dépasser les 200.000 €.
Racing Club de Grasse (football) :
- rapport d'AGO du 31 octobre 2016 : « la montée en CFA² (…) induit un coût élevé en primes de matchs ». On apprend par un document produit en AGO de juin 2017 que les rémunérations de personnel (comme c'est élégamment dit!) passaient de quelque 260.000 € en 2016/2017 à plus de 311.000 € pour 2017/2018.
Quelle va être la position du conseil municipal du 19 février, lors du vote des subventions aux associations pour 2019 ? Car le clientélisme ne sévit pas que dans les associations sportives, mais touche tous les types d'activités subventionnées et pratiquées dans d'autres associations.
Tôt ou tard les responsables d'abus d'utilisation des deniers publics – maire et présidents de clubs, avec la complicité de conseillers municipaux mal informés mais asservis- devront bien rendre des comptes, devant la justice et devant les électeurs. Et le sport à Grasse ne pourra que mieux s'en porter.
- 2033 lectures