L'affaire Westrelin : un bel exemple d'abus

 L'affaire Westrelin illustre la conception monarchique d'utilisation des fonds publics.  
Les finances municipales sont comme la confiture dans un beau pot. Quand on plonge le doigt dans le pot, on y plonge rapidement la main et le bras ne tarde pas à y passer!

D'aucuns considéreront que je m'attache à des "détails" si je qualifie les indélicatesses du premier adjoint d'inexcusables: "pas la peine d'en faire un foin, tout le monde le fait; ce n'est pas grand chose!" vont-ils me lancer à la figure. Mais je fais partie de ces citoyens qui ne supportent pas de voir leurs élus abuser de leur position et d'en profiter pour plonger la main dans le pot de confiture après l'avoir goûtée du bout d'un doigt.

L'affaire remonte à trois ans et demi. Mais la justice administrative vient enfin de statuer. 

Lors du conseil municipal du 25 septembre 2018, l'adjointe de l'époque, Madame Valérie COPIN  demande à ses collèques de conférer au premier adjoint de l'époque, M. WESTRELIN, un mandat spécial pour organiser -tenez-vous bien, c'est bien ce qui a été demandé!- un partenariat entre Grasse et Lille, la métropole de Lille ayant été nommée  "Capitale Mondiale du Design" pour l'année 2020. Sans aller plus loin, que vient faire Grasse dans cette affaire? 
Mais évidemment, le but de la délibération est ailleurs: la ville de Grasse prendra en charge les frais que le Premier Adjoint aura à engager pour cette mission (transport, hébergement, repas) qui l'aménera à effectuer des déplacements réguliers à Lille jusqu'en 2020. Sa complice, Madame COPIN, voit évidemment très loin! Mais aucune enveloppe n'est prévue. C'est un blanc-seing!

Deux conseillers municipaux ont voté contre (Madame LAZREUG et Monsieur CASSARINI) par simple bon sens et par souci des deniers des Grassois. Les opposants qui se prétendent toujours rigoureux (Mmes ADDAD et CONESA et MM. EUZIERE, BROSSY, de FONTMICHELet VOARINO) se sont courageusement abstenus. Ont-ils été bernés par Mme COPIN, ou ont-ils opté délibérément pour une abstention complice? Et évidemment, les autres complices, les béni-oui-oui de la majorité de M. VIAUD ont voté pour. Peut-être n'avaient-ils pas les moyens intellectuels de comprendre le but profond de la délibération. Le problème, c'est que la plupart d'entre eux sont encore conseillers municipaux sous le mandat actuel de M. Viaud.

Absent de la scène publique de décembre 2017 à septembre 2018, M. Westrelin avait déjà bénéficié des faveurs des contribuables grassois en empochant ses indemnités de premier adjoint (3,113 € par mois) sans contrepartie. Mais ce n'était pas suffisant ! Alors, irrité par une telle impudeur, j'ai attaqué la délibération devant le tribunal administratif de Nice .
Au cours de l'instruction j'ai découvert maintes irrégularités concernant les justificatifs de frais, mais j'ai surtout eu confirmation de la raison première de ces voyages dans le Nord. Né à Renescure, dans le Nord, comme Lille, M. WESTRELIN  a vraisemblablement encore beaucoup d'attaches dans son pays. 

Le TA a annulé la délibération et la décision est exécutoire. La commune devrait donc récupérer  rapidement auprès de M. WESTRELIN les frais qui doivent donc être mis à sa charge personnelle et non à celle des contribuables grassois (de l'orde de 1,100 €). 

Perseverare diabolicum

Mais il paraît que la ville va faire appel du jugement! Les contribuables grassois vont payer des frais de procédure d'appel  (ils ont déjà payé ceux de première instance) pour tenter de permettre à la clique du maire de maintenir ce petit cadeau financier indument accordé à son ancien premier adjoint. Quant à moi, je devrai engager des deniers personnels  pour ma défense.

Cette affaire révèle une conception malsaine d'utilisation du pouvoir de maire. Il peut demander à son conseil municipal d'accorder un avantage illégal à un adjoint, et si "ça passe", on n'en parle plus, c'est gagné! Mais si ça ne passe pas, ou si ça se passe mal -cas actuel- le maire peut, sans l'accord du conseil municipal, insister, avec l'argent public, pour tenter de maintenir cette faveur en faisant appel d'une décision d'un tribunal. Certes, juridiquement, c'est possible; mais moralement ?

Pour autant, l'accès au pot de confiture est-il fermé à Grasse ? Affaire(s) à suivre ...