Centre historique, le tonneau des Danaïdes

Quand la politique de rénovation actuelle transforme le compte en banque de la ville en tonneau des danaïdes (°).

Dès mars 2020, il conviendra de changer de politique

Sous couvert de rénovation du centre historique les élus en place ont lancé le chantier médiathèque :

La médiathèque était annoncée à 11,7 millions d’€.

Elle sortira au prix incroyable de 28,5 millions d’€.

Le coût de fonctionnement s’élève officiellement à 1,6 millions d’€ par an.

Les travaux s’éternisant, la médiathèque a les pieds dans l'eau – à moins que ne soit prévue une attraction originale : un pédiluve ou une mare à canards…

Je passe sur l’esthétique douteuse du bâtiment, un bloc de béton au cœur du centre historique provençal, je passe également sur le projet Martelly dont le coût pour les Grassois est à ce jour estimé à 16 millions d’€.

Quelle réhabilitation pour le centre historique ? Commencer par accompagner la déconstruction des immeubles qui menacent de s’effondrer, et aérer.

Parmi les décideurs locaux, régionaux ou nationaux qui dépensent notre argent par millions, combien sont-ils à avoir osé se risquer à pénétrer dans les immeubles en cours de « rénovation » ? Sans doute très peu.

 

En effet, nombre de ces immeubles menacent de s’effondrer. Des capteurs laser détectent le moindre mouvement pour qu’une alarme soit déclenchée au premier signe d’alerte.

Les ouvriers, souvent inquiets, évoluent quotidiennement au milieu d'une forêt d'étais qui soutiennent des planchers à l’équilibre précaire, quand ce ne sont pas les façades qui menacent de se décrocher sur toute leur hauteur et de s’effondrer dans la rue (°°).

Il faut avoir le courage de dire les choses. J’aime ma ville. J’aime son patrimoine. Mais quand un immeuble ne tient plus debout , quand il coûte plusieurs millions d’€ à la collectivité pour empêcher qu’il ne s’effondre, il faut, me semble-t-il, programmer sa déconstruction.

Cela permettrait d’aérer le centre historique, de faire entrer de la lumière, de créer des places, de nouveaux espaces. C’est d’ailleurs le sens de notre histoire. La densité du bâti moyenâgeux avait pour objectif d’absorber la population à l’intérieur de l’espace restreint des remparts protecteurs. Quand les immeubles vétustes se sont effondrés au Rouachier ou à l’Evéché, nos prédécesseurs n’ont pas cherché à reconstruire. Saisissant cette « drôle » d’opportunité, ils ont créé la place du Rouachier et la place de l’Evéché .

Les millions engloutis à fonds perdus en vieille ville pourraient être avantageusement utilisés ailleurs, pour l'entretien du patrimoine comme la cathédrale ou pour la construction d'infrastructures qui profiteraient aux Grassois : piscine, cinéma, dojo…

) Rappel : Attestée au XVIIIème siècle, cette locution trouve sa source dans la mythologie grecque. En effet, les Danaïdes, filles de Danaos, qui ont été condamnées à l’enfer après leur mort, ont été contraintes de remplir à l’infini un tonneau dont le fond était percé

 

(°°) Souvenez-vous : les effondrements catastrophiques de Marseille