Les ravages de la démocratie totalitaire à la française. Et si on s'inspirait des Suisses ?

Notre système électoral des municipales est ainsi fait : quel que soit le nombre de suffrages exprimés, la liste arrivée en tête rafle 50 % des sièges et les 50 autres pour-cent sont répartis entre toutes les listes à la proportionnelle. Soi-disant pour permettre de gouverner, on donne un super-pouvoir à la liste élue, à tel point qu'en conseil municipal cette liste qui soutient le maire aveuglément ne sert qu'à enregistrer les décisions arrêtées par « le chef ». Où sont les conseillers, où est le débat ? Les conseillers d'opposition jouent plus le rôle d'informateurs de la population que de catalyseurs de réflexion. Pour le maire, à quoi bon écouter les oppositions puisque de toute façon il peut décider ce qu'il veut avec sa majorité godillot.

Notre système a instauré une démocratie locale totalitaire. C'est peut-être une des raisons du taux élevé d'abstentions lors des élections : à quoi bon aller voter si ma voix se trouve perdue dans un groupe minoritaire et ne sera jamais prise en compte ?

Voyez les chiffres des dernières municipales de mars 2014  (2ème tour) :

Grasse comptait 51.631 habitants et 32.008 inscrits sur la liste électorale.

Il n'y a eu que 19.008 suffrages exprimés, soit même pas 6 électeurs sur 10 inscrits.

Sur ces exprimés, 7.883, soit 41,47 % ont voté pour J. Viaud, même pas 25 % des incrits.

La liste Euzière, de Fontmichel, Cassarini, avec 7.341 suffrages a obtenu moins de 23 % des inscrits et la liste Degioanni moins de 20 % des inscrits.

La différence entre les pourcentages des listes est faible. Mais la liste du maire emporte 32 des 45 sièges du conseil municipal, les oppositions seulement 9 et 4 sièges, 13 en tout (moins de 30 % des sièges).

Pendant six ans, les Grassois vont devoir supporter sans broncher les décisions prises par une liste élue ne représentant qu'un quart des inscrits ! C'est ainsi que les projets faramineux et dispendieux vont pouvoir être poursuivis (médiathèque, Martelly, etc.). Six ans à attendre avant de pouvoir s'exprimer !

Si notre nouveau maire voulait vraiment donner un sens à sa volonté d'imprimer "Un Nouvel Elan Pour Grasse"  ne pourrait-il pas engager la ville sur la voie de la démocratie participative, « à la suisse » ? Là bas, c'est le peuple qui est souverain, et « ça marche ». Le peuple peut demander un référendum sur tel ou tel sujet, tout au long du mandat des élus. Et les élus sont d'accord avec ce système de contrôle permanent. Le parlement de Zurich avait décidé de construire un second stade de football pour 175 millions d'€ d'argent public. Une citoyenne est arrivée à collecter les signatures suffisantes pour demander son avis « au peuple » par référendum. Le peuple a suivi la citoyenne, et le parlement a entériné ce refus de construction du stade. C'est un exemple à méditer.

Imaginons qu'un référendum soit proposé aux Grassois sur les sujets qui ont divisé les opinions lors de la campagne électorale, et qui les divisent encore. Les abstentionnistes des élections iraient peut-être voter, l'objet de l'élection étant un sujet particulier et bien défini. Les choix du maire pourraient être désavoués ou confortés. Mais sur le sujet en question, le point de vue de la population serait plus pertinent que celui entraîné par le résultat d 'une élection sur une globalité de sujets, élection emportée « à l'arrache » , d'ailleurs sur d'autres fondements que des projets précis !

Bien sûr, pour accepter cette démocratie participative, il faut que population et élus s'intéressent à leur ville, que chacun respecte l'autre et que les élus fassent preuve d'humilité. Le maire autoriserait une partie de la population à réunir les signatures pour organiser un référendum sur tel ou tel sujet et piloterait le référendum. Tout un programme qu'il serait intéressant de voir mis en œuvre par notre maire qui-veut-faire-du-nouveau.

En attendant, la démocratie totalitaire et aveugle continuera à sévir et à causer des dommages parfois irréparables.

Pour information : voir l'émission sur « france2 » du lundi 2 novembre 2015, à 23h05 « Un œil sur la planète, le miracle suisse ».

http://pluzz.francetv.fr/videos/un_oeil_sur_la_planete_,130391947.html

Démocratie participative : à 52 minutes, le nouveau stade de Zurich refusé par référendum.